Les pénuries attribuées initialement à la pandémie de COVID-19 ont continué de s'aggraver en 2021. La croissance continue de la demande dans divers secteurs tels que la 5G, l'automobile et l'IdO, ainsi que les pénuries incessantes de matières premières et les catastrophes naturelles, sont les principaux responsables de cette situation.
Les effets des incendies d'usines, des pannes d'électricité et des arrêts de production survenus durant le premier quart de l'année se sont traduits au deuxième trimestre par un prolongement des délais de livraison en MCU automobiles,une remontée des prix des disques SSD et une baisse de fourniture des mémoires Flash DRAM/NOR. Les pénuries de matières premières se sont également poursuivies au deuxième trimestre, notamment en ce qui concerne les wafers, substrats de silicium, métaux précieux et matières plastiques.
En outre, la demande de processeurs, de GPU, de stockage, de mémoire et d'ASIC s'est accrue après un pic d'activité de minage des cryptomonnaies, entraînant une tension supplémentaire sur ces composants déjà rares. Les prix des barrettes DRAM, par exemple, ont progressé de plus de 60 % au long de l'année, presque exclusivement en raison de l'activité de minage de cryptomonnaies.
Un autre problème commun causé par les restrictions d'approvisionnement en composants est la limitation qui affecte la fabrication d'autres produits et amène les industriels à privilégier les constructions offrant un meilleur retour sur investissement. Samsung, par exemple, a délaissé ses SSD de petite capacité au profit de volumes de stockage supérieurs pour cause de pénurie de contrôleurs IC.
Perspectives pour le troisième trimestre
Le caractère chaotique du marché et les ruptures de chaînes d'approvisionnement dans différents secteurs ne devraient pas s'assagir au troisième trimestre. Cette situation est due aux pénuries persistantes de matières premières et de composants, à la demande croissante dans de nombreux secteurs industriels, ainsi qu'aux nouveaux confinements prononcés par les gouvernements en Asie.
En dépit de niveaux de prix modérés en ce début d'année, les contraintes visant l'offre d'unités SSD s'est intensifiée depuis février. Les principaux facteurs contributifs de cette situation sont la détérioration de l'approvisionnement en matières premières, les catastrophes naturelles et la pénurie de circuits intégrés de contrôle, comme déjà évoqué plus haut.
Cette insuffisance de l'offre de contrôleurs IC est à l'origine d'un goulet d'étranglement dans la production de SSD qui est amené à perdurer au troisième trimestre. En conséquence, certains fournisseurs ont commencé à augmenter leurs prix sur l'ensemble des gammes et capacités courantes. Les tarifs des grandes marques, dont Intel, Samsung et Micron, devraient ainsi croître de 10 à 20 % au cours du prochain trimestre.
Un bon nombre de ces fabricants SSDS restent soumis à de fortes contraintes jusqu'à la fin de l'année. Samsung, par exemple, ne devrait se remettre de sa pénurie de SSD au mieux en 2022, compte tenu de la rareté des matières premières nécessaires à la production de ces matériels. Les clients devant déjà patienter 2 à 3 mois pour recevoir certains produits SSD, Samsung refuse désormais totalement les commandes pour le troisième trimestre.
L'offre SSD d'Intel, également pénalisée par le manque de matériaux nécessaires, devrait connaître une chute de 30 à 40 % au troisième trimestre par rapport à la période précédente, les prix officiels étant quant à eux sujets à une hausse de 20 %. Micron étant confrontée aux mêmes problèmes d'approvisionnement, son offre restera limitée au prochain trimestre, les capacités les plus recherchées étant celles de 480 et 960 Go.
Compte tenu de la demande en hausse de 40 % attendue sur la 5G au second semestre, il est à craindre que l'offre de composants SSD s'en trouve encore davantage entravée.
Tout au long de l'année 2021, on a assisté à un pic d'activité dans le domaine du minage de cryptomonnaies, impliquant un afflux de mineurs venus du monde entier pour conquérir n'importe quelle technologie apte à leur permettre de rester compétitifs sur ce marché. Suite à ce regain d'intérêt, une pression supplémentaire est venue comprimer encore plus l'offre mondiale de semi-conducteurs, notamment en ce qui concerne les CPU, les GPU, le stockage et la mémoire.
Les processeurs graphiques ont été les plus fortement touchés par l'essor de ce « cryptomining ». La demande a été si intense que les mineurs virtuels ont dû se rabattre sur des produits destinés aux gamers, dont la série RTX 3000 de Nvidia. La firme de Santa Clara a dès lors été poussée à créer de nouveaux produits pour freiner les achats effectués par les mineurs, ainsi qu'à trouver les moyens de résoudre ses problèmes d'offre et de demande au cours des prochains mois.
Les prix des processeurs graphiques ont commencé à décliner sur tous les canaux de vente en raison des modifications apportées par Nvidia à ses cartes. Par ailleurs, l'offre concernant ce type de processeurs a connu un regain, suite aux conséquences engendrées sur la demande de minage de cryptomonnaies par la récente décision de la Chine d'interdire aux institutions financières et sociétés de paiement la prestation de services impliquant des transactions en cryptomonnaies.
Malgré cela, la disponibilité de l'ensemble des séries RTX 30 reste serrée, et les prix stagnent à un niveau élevé en raison de l'activité de cryptominage menée dans d'autres pays comme le Kazakhstan. On s'attend, dans cette région, à un bond de la demande liée aux fermes de minage de cryptomonnaie, notamment à cause de la position favorable à cette technique dans le pays, mais aussi d'autres critères tels que les coûts énergétiques inférieurs à ceux de la Chine.
Le monde n'en est encore qu'aux premiers stades du développement de la finance décentralisée et de nouveaux jetons sont lancés chaque jour, ce qui illustre l'attrait et la croissance suscités par les cryptomonnaies à travers le monde. À l'avenir, les cryptomonnaies fortes émergeront et se consolideront, tandis que les plus faibles disparaîtront naturellement.
Les fabricants de puces graphiques et de composants de stockage créent d'ores et déjà des produits axés sur les applications de minage, dont la durabilité est un élément clé. À mesure que les cryptomineurs identifieront et adopteront des méthodes d'extraction plus durables, la croissance du secteur des cryptomonnaies trouvera vraisemblablement un rythme de croisière.
Les catastrophes naturelles ayant provoqué des pénuries de circuits intégrés, de processeurs et de barrettes de mémoire au premier semestre 2021 ont continué à causer des ravages dans diverses industries, parallèlement à la résurgence du COVID-19. 75 % de la fabrication de semi-conducteurs étant localisée en Asie, les récentes catastrophes environnementales et autres arrêts de production dans cette région sont appelées à entraîner une réaction en chaîne.
Le confinement récent promulgué en Malaisie, par exemple, prollongera de plusieurs semaines supplémentaires les délais de livraison déjà fortement distendus sur les circuits intégrés logiques d'entrée et milieu de gamme, diodes et autres composants de puissance utilisés dans les PC et autres applications. Résultat : plus de 50 usines de semi-conducteurs seront confrontées à des retards et problèmes de production, d'où des hausses de prix et un resserrement de l'offre.
La firme Infineon a été confrontée à l'une de ses pires pénuries de l'année et, suite au confinement en Malaisie, les délais de livraison de ses produits ont été rallongés de 26 à 39 semaines. Il est probable dès maintenant que d'autres augmentations de prix se produiront à l'avenir, en plus de celle de 15 à 20 % prévue par l'entreprise, qui s'efforce d'honorer ses commandes en attente depuis 2020.
Outre les nouvelles mesures de confinement mises en place, les catastrophes environnementales survenues au Taïwan, en Chine et aux Philippines pourraient avoir un énorme impact sur la production de semi-conducteurs. L'île de Taïwan approvisionne à elle seule 53 % du marché mondial des semi-conducteurs, quatre des dix fonderies mondiales détenant des installations dans ce pays.
Or, celui-ci est actuellement en proie à une sécheresse exceptionnelle qui a contraint les fabricants de processeurs à se démener pour obtenir les quantités d'eau nécessaires au traitement du silicium et à d'autres aspects de la fabrication des puces. TSMC, Micron et UMC, par exemple, ont commandé des livraisons d'eau par camion sur certains de leurs sites afin de maintenir leur production à flot.
Alors que la saison des typhons bat son plein, il y a de fortes chances que la sécheresse s'estompe ; toutefois, les risques de voir l'Asie subir davantage de dégâts potentiels sont un sujet de préoccupation. La Chine, par exemple, est en proie à des inondations sévères qui retardent les expéditions et risquent de perturber encore davantage sa chaîne d'approvisionnement.
De plus, une alerte volcanique en vigueur aux Philippines pourrait causer des dégâts importants dans la région. Samsung, qui produit 40 % de ses MLCC aux Philippines, pourrait voir sa production fortement affectée en cas d'éruption.
Ces désastres naturels sont susceptibles d'entraîner des conséquences sur la production d'une série de composants, dont les effets seront visibles tout au long du trimestre.
La demande de semi-conducteurs continue de grimper au troisième trimestre, d'où une aggravation prévisible des pénuries généralisées. Le troisième trimestre étant généralement marqué par un renforcement de la production de téléphones haut de gamme, il est probable qu'une pression supplémentaire s'exercera sur l'approvisionnement en composants électroniques, notamment passifs.
En outre, les pénuries de matières premières, qui ont constitué un problème majeur au premier semestre, persisteront jusqu'à la fin de l'exercice 2021, celle des substrats ABF pouvant même se prolonger largement jusqu'en 2023. Les disques SSD, en particulier, seront confrontés à des contraintes logistiques et à une hausse des prix, principalement en raison d'un sous-approvisionnement en circuits intégrés de contrôle. Au demeurant, les composants SSD seront loin d'être les seuls à connaître des problèmes.
Les arrêts de production en Malaisie affecteront la fabrication de nombreux circuits intégrés et décaleront les livraisons de bon nombre de commandes. Qui plus est, les catastrophes naturelles qui se produisent en Asie pourraient potentiellement dévaster les chaînes de production de nombreux grands fabricants implantés dans la région et concerner jusqu'à 75 % des semi-conducteurs.
En outre, la demande croissante engendrée par des industries telles que le minage de cryptomonnaies est appelée à exacerber un offre déjà limitée en processeurs graphiques et de traitement.
En définitive, les problèmes d'offre et de demande observés au premier semestre 2021 devraient être encore pires au troisième trimestre.